Les trois raisons pour lesquelles EELV devait sortir du gouvernement

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Les écologistes ont donc décidé de sortir du gouvernement…

Avec deux de mes collègues de la direction d’Europe Ecologie Les Verts, David Cormand et Sandrine Rousseau, nous avons rédigé une tribune pour expliquer les trois principales raisons de notre vote en ce sens en bureau exécutif.

Cette tribune est consultable ici sur le site du plus du Nouvel Observateur…   et ci-dessous!

 

Valls proposait un ministère à EELV : alléchant… a priori. Les 3 raisons de notre refus

La vie politique d’un parti connaît des moments clés qui marquent sa trajectoire. Notre parti, Europe Écologie – Les Verts (EELV) a traversé cette semaine l’un de ces moments là.

Entrer ou non au gouvernement de Manuel Valls ? Telle a été la question à laquelle nous, membres de la direction d’EELV, avons dû répondre dans un délai extrêmement contraint.

La proposition était alléchante, mais…

Le regroupement dans le même ministère, du logement, de l’énergie, du transport et de l’environnement est séduisant. Cette proposition semblait nous donner les clés de quelque chose d’essentiel pour nous écologistes : la mise en pratique de la transition énergétique, la sortie des énergies fossiles et nucléaires, le développement des modes de mobilité et de transport doux, la rénovation thermique des bâtiments et finalement la réduction conséquente de notre impact sur le dérèglement climatique.

Un ministère de l’Environnement nous donnait, théoriquement, les moyens d’action concrets pour sauvegarder la biodiversité, limiter l’emprise du béton et développer des programmes de sauvegarde de notre patrimoine naturel.

Face à cette proposition alléchante, pourquoi avoir refusé ? Trois raisons essentielles ont présidé à ce refus.

1. L’absence d’un changement de cap

Au moment où, en tant que membres de la direction d’EELV, nous avons eu à voter sur la participation d’EELV au gouvernement de Manuel Valls, nous ne savions rien de sa composition.

Mais comment croire à un changement réel après avoir entendu l’allocution du président de la République la veille ? Une contrainte budgétaire maintenue, des allègements d’impôts supplémentaires… Où trouver l’argent pour financer et investir dans la transition énergétique ?

Le chômage progresse, les comptes sociaux se dégradent, les collectivités sont exsangues. Comment imaginer une politique sociale et écologique d’ampleur dans ces conditions ?

Il faut savoir résister à la tentation des apparences, des titres et des déclarations d’intention pour se concentrer sur l’essentiel : les actes.

La composition quasi inchangée du gouvernement, comme la charge de Ségolène Royal aujourd’hui contre l’écotaxe et « l’écologie punitive » confirme qu’entre les propos que Manuel Valls a pu tenir dans son bureau mardi devant quelques responsables écologistes, et les actes concrets constatés dès le jeudi, il peut y avoir un gouffre…

2. Entendre le message des municipales

Les élections dites intermédiaires sont toujours difficiles pour le parti au pouvoir nationalement, mais l’ampleur de la sanction adressée au gouvernement devait être entendue. Un pouvoir politique qui ne fait pas ce qu’il a dit et qui dit le contraire de ce qu’il fait crée une perte de confiance chez les citoyen-nes.

Par leurs votes, et leur abstention, les français-es ont exprimé cette défiance profonde vis à vis de la parole politique.

Les écologistes au gouvernement ont inlassablement répété la nécessité de respecter les engagements du candidat Hollande. Ils ont indiqué que leur participation était conditionnée au respect de ces engagements. Refuser de participer à l’acte 2 du quinquennat répond à un contexte de dévaluation de la parole publique et correspond à un principe éthique simple : on fait comme on a dit.

 

3. La lutte contre les lobbies

À maintes reprises, le président de la République et le gouvernement ont montré leur bienveillance à l’égard des lobbies. Lobbies pharmaceutiqueslobby nucléaire, lobby routier, etc. Le dernier exemple en date est la mise en place d’un pacte de responsabilité ni ciblé ni conditionné.

Le rapport aux lobbies soulève une question politique essentielle : qui gouverne ? L’écologie affirme une volonté claire d’émancipation par rapport aux intérêts particuliers et de veiller au respect de l’intérêt général. Trop souvent, notre sentiment a été que la finance était non pas « l’ennemie », ni même une alliée, mais celle qui guidait les orientations économiques du gouvernement.

La décision que nous avons prise collectivement cette semaine ne traduit pas une peur du pouvoir ou des responsabilités. Au contraire. Notre conviction est que le pouvoir et les responsabilités ne peuvent pas être qu’apparence, communication et, finalement, illusion.

Pour notre part, nous ne nous sommes jamais éloigné des valeurs et des priorités que nous avons choisies de soutenir au second tour de l’élection présidentielle de 2012.

Notre choix ne résonne pas en nous comme une victoire. Pendant deux ans, les écologistes ont démontré qu’ils savaient lier détermination, actions concrètes et parole libre. Nous continuerons à cultiver ces exigences. C’est la condition pour reconstruire un lien de confiance entre les français-es et la politique.

Pour paraphraser les paroles d’une chanson de Renaud en 1980 : « C’est surement pas un ministère, un groupe parlementaire pour nous tout seul, qui nous feront virer de bord, qui nous ferons fermer nos gueules ».

La sortie du gouvernement n’est pas la fin de l’histoire.

Pour l’écologie, tout commence.

 

Tribune co-signée par :

Marine Tondelier, David Cormand et Sandrine Rousseau, membres du bureau exécutif d’Europe Écologie – Les Verts (EELV).