Comme un article précédent de ce blog l’indique, les jeunes écologistes du bassin minier, intrigués par le désormais fameux « mur de la cité Konin », se sont rendus le week-end dernier sur place à la rencontre des riverains.
Nous avions à la base prévu une petite action décalée qui visait, au vu de la polémique, à aider les « anti-mur » à s’y habituer en y trouvant d’autres utilités (table de pic-nic, équipement sportif improvisé, support de verdure, etc). Bref, de détendre l’atmosphère sur le sujet, ce qui nous paraissait URGENT et INDISPENSABLE.
Soyons honnêtes: l’action ne s’est pas exactement déroulée comme prévu…
Le quartier, en proie à un taux de cambriolage insupportable, a rejoint il y a quelques semaines le dispositif « voisins vigilants ». Comme nous nous y attendions, les riverains nous avaient organisé un petit comité d’accueil. Alertés par le sms collectif qui fait partie du dispositif , ils ont été une vingtaine à sortir en même temps de chez eux pour nous interpeller.
Le ton fut dans un premier temps très tendu. Mais bien formés à la communication non-violente, les copains et moi ne nous sommes pas démontés et, plutôt que de se quitter fâchés et incompris, avons engagé la discussion par petits groupe… Discussion qui durera au final près d’une heure.
Je tiens à remercier très sincèrement les riverains qui ont pris le temps d’échanger avec nous, malgré la semaine éprouvante qu’ils venaient de vivre, et qui les ont fait se sentir injustement visés par de nombreux médias.
J’ai tout d’abord pu ressentir la détresse de personnes excédées par la circulation des automobilistes qui coupent par leur rue pour arriver plus vite à Auchan. Eux qui ont choisi il y a 8 ans de construire dans ce qui leur était présenté comme une zone résidentielle n’ont pas signé pour ça. Et ont peur pour leurs enfants qui jouent sur la route (un enfant en trottinette a encore été renversé il y a peu).
Excédés également par les cambriolages, apparemment facilité par la proximité de l’autoroute. L’un d’entre eux en est à son troisième en un an!
Excédés finalement par le « buzz médiatique » qui a sévi cette semaine autour de l’ouvrage. Ils ne se sont pas reconnus dans les reportages qui ont circulé. Ils affirment avoir été consultés sur ce mur. Et affirment avoir été environ 80% à le vouloir « mais que 20% ne soient pas d’accord, ça arrive, comme sur tout projet », ajoutaient-ils.
Ils n’ont pas apprécié que « leur » mur soit moqué jusqu’au Ghana et à Singapour. Ils n’ont pas compris les proportions prises par cette affaire.
Leurs arguments, nous les avons entendus et compris!
Nous avons également bénéficié d’une écoute attentive lorsque nous avons partagé les nôtres :
> Tout d’abord que la Voix du Nord n’est pas là pour donner simplement l’avis des « pro-murs », et que même si les gens qui se sont exprimés contre n’habitent pas la rue mais les rues voisines, il est légitime qu’ils aient pu également être écoutés par la presse.
> Ensuite, que ce mur déplace sans le résoudre le problème de la zone commerciale voisine surdimensionnée et du flot de voiture qu’elle draine, faute de système de transports en commun suffisamment attractif. La solution mise en œuvre et bénéfique pour eux: ils auront, une fois l’effervescence retombée, retrouvé leur sérénité. Mais ne règle pas le problème global, qui sera reporté sur d’autres axes.
> Enfin que la Voix du Nord n’est pas pas responsable du fait que depuis que le FN en a fait sa vitrine, et encore plus depuis que notre maire a été « élu local de l’année », les projecteurs soient braqués sur notre ville.
Ce mur est le premier fait saillant post « remise du prix du trombinoscope », ce qui explique le retentissement médiatique qu’a pris cette actualité.
Le maire est très content d’avoir reçu ce prix. En témoigne les caisses que la municipalité en fait dans le journal municipal de ce mois, ici en couverture:
Et ici à l’intérieur du journal:
Et en politique, le beurre ET l’argent du beurre, ça n’existe pas. Tout gain de notoriété a son revers de la médaille: car plus on parle d’une personnalité politique, plus, forcément, et proportionnellement, elle a de chance d’être raillée, moquée, tournée en dérision. « C’est le jeu ma pauvre lucette », que l’on soit content ou pas, c’est comme ça que ça marche!
La preuve par l’exemple: une photo de moi dans la Voix du Nord a réussi à déchainer les foudres du FN… Imaginez si j’avais gagné le prix d’élue d’opposition de l’année (que tout le monde se rassure, ça n’existe pas!).
L’édition locale de la Voix du Nord, représentée sur place au moment de la discussion avec les riverains, a en effet rendu-compte de cet évènement dans un article on ne peut plus classique. Mentionnant très rapidement l’initiative des jeunes écologistes, mais laissant surtout la part belle aux témoignages de riverains. Mon nom n’est même pas cité dans l’article, mais voilà, voilà, DRAME PSYCHOLOGIQUE pour le FN, j’apparais en photo (enfin de profil, en train de discuter, je suis sure que même certains de mes proches ne m’ont pas reconnue…).
Mais voyez vous, dans le règne que le FN voudrait sans partage sur Hénin-Beaumont, une photo d’une élue d’opposition qui va faire du terrain un samedi après-midi dans une rue au centre de l’actualité du moment, c’est déjà un affront.
Voici la réaction que le maire a donc immédiatement publié sur son blog, accusant le journaliste et responsable de l’agence locale de la Voix du Nord Pascal Wallart de collusion avec moi.
Je ne perdrai pas trop de temps à commenter le caractère ridiculement outrancier de ce communiqué de presse. Parce qu’imaginer Pascal Wallart « prenant ses ordres de Carvin » doit le faire bien marrer, ainsi que le député-maire de Carvin Philippe Kemel, ici visé. Parce que j’espère bien que si Pascal Wallart était mon directeur de campagne, j’aurais au moins eu mon nom en gros dans le titre. Et aussi parce que j’y suis accusée de ne pas avoir été présente d’une réunion à laquelle je n’ai jamais été invitée et dont bien sûr je n’avais pas été informée, le FN se réservant jalousement ce type d’information et se gardant bien de nous en communiquer l’existence en amont…
Bref, mieux vaut en rire qu’en pleurer.
Je préfère essayer de comprendre quelle élue d’opposition il faudrait que je sois exactement pour que le FN me lâche la grappe et ne recommence pas à harceler un journaliste au prétexte qu’il publie une photo de moi. En fait il faudrait que je ne dise rien. Que je ne fasse rien. Et que j’attende bien sagement la fin du mandat…
Désolée de voir les choses différemment, de m’investir dans ce mandat, et de faire du terrain autant que possible.
Avec ce telles méthodes, le maire ne s’étonnera pas que nous, élus d’oppositions, soyons obligés de tenir des conférences de presse pour demander au FN de « sortir de l’invective permanente » (voir article précédent).
Que nous soyons de plus en plus nombreux à considérer que ces méthodes cachent une grande fébrilité.
Et que les tentatives d’intimidation dont nous faisons l’objet ne fassent que renforcer notre détermination.
Bref, assez parlé de cette réaction ridicule mais néanmoins inquiétante du FN.
Revenons rue Teodorowicz pour la conclusion de cet échange enrichissant avec les riverains (y compris sur le dispositif « voisins vigilants », dont je vous avez déjà parlé ici et que le quartier expérimente, avec un réel engouement pour certains, mais des réserves que je ne suis pas la seule à partager et que certains sur place admettent).
En somme, nous avons partagé un beau moment d’échange, rendu possible par la volonté de chacun de débattre sereinement (l’absence d’élu FN sur place a BEAUCOUP aidé, vous imaginez vu le ton de l’article du blog précité ce que ça aurait pu donner…).
Je suis TRES contente d’avoir pu avoir cette conversation directe avec les premiers concernés et d’avoir pu comprendre la crispation des uns et des autres autour de ce mur.
Chacun que les arguments aient pu être échangés intelligemment et dans le respect de l’autre, n’en déplaisent à certains qui auraient surement préféré qu’on en vienne aux mains.
D’où la volonté de chacun de rebaptiser ce « mur anti-cambriolage », appellation qu’ils trouvent absurde, en « mur de la communication ».
Nous nous sommes quittés en parlant d’avenir: décoration et fleurissement prévu du mur.
On s’est même dits que l’on se retrouverait pour un pic nic sur place le jour de la fête des voisins!
Et puis aussi on a sorti les raquettes, parce qu’on ne pouvait tout de même pas partir dans la faire, cette partie de badminton!
#ALaprochaine