« Qu’est-ce que c’est, le fascisme ? – Je ne sais pas exactement. C’est une façon de haïr » écrivait Romain Gary dans Education européenne.
Alors je sais bien que la tendance à Hénin-Beaumont est plutôt de considérer que tout va bien, que « la ville n’a jamais été aussi bien gérée », que « le maire est un bon père de famille » : concert gratuit de Jenifer, fêtes champêtres tout l’été, piscine extérieure gratuite à Hénin-Beaumont-Plage, que demande le peuple ?
La technique de l’arbre qui cache la forêt est ancienne et bien connue dans notre chère ville qui en a vu d’autres… C’est habile. Autant que l’extrême droite sait l’être. Ce qui ne l’empêche pas de le rester, d’extrême droite. Même déguisée en gendre idéal… Car tout ce fard ne suffit pas à cacher la réalité de ce qu’est et reste notre maire: un élu d’extrême droite, biberonné à ses méthodes, qui a apprit à maquiller son action sous des traits populistes bon enfant mais dont la violence institutionnelle rejaillit régulièrement, ici contre un syndicaliste en mairie, là contre une élue d’opposition, ou encore contre un journaliste qui fait son travail.
Le Conseil municipal de vendredi dernier (le 19 juillet) a encore donné lieu à des scènes que l’on ne vit nulle part ailleurs… Et nous rappellent que non, malgré les sourires empruntés et le discours lissé en apparence, cette équipe reste animée par les petites méthodes chères à l’extrême droite, méthodes qui sont un danger pour la démocratie, pour notre vivre ensemble et doivent donc nous faire réagir.
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L’affaire David W.: mes soit-disant « relations sulfureuses » … qui sont en fait les leurs.
Tout a commencé par une « motion d’urgence » que mes collègues et moi avons découverte sur table en arrivant au Conseil à 8h55 du matin. Une motion, là aussi, comme il n’en est examiné nulle par ailleurs.
Elle concernait « la lutte contre les violences faites aux femmes« . Jusque là tout va bien. Sauf que comme beaucoup des motions d’urgence déposées par le Front National, elle visait plutôt en fait à attaquer des personnes. En gros la stratégie est souvent la même : détourner un sujet qui en façade met tout le monde d’accord, pour en faire une arme politicienne à charge adaptée à leurs thèses, et in fine être en mesure d’attaquer n’importe qui à n’importe quel moment, et bien sur en priorité les élus d’opposition. En clair, cela revient se réfugier derrière un leurre.
Cette fois-ci, il faut avouer qu’ils l’ont fait avec encore plus d’audace que d’habitude puisque la motion concernait en fait un sujet en réalité interne à la « famille Rassemblement national »: un conflit sordide entre des militantes de ce parti et un ancien élu d’une ville voisine sur lequel la Voix du Nord revient ici. Mais comme avec ces gens là il faut toujours que cela soit « de la faute des autres », nous voilà donc partis pour une motion qui m’accuse moi de travailler avec lui, en « co-organisant » notamment des manifestations avec cet individu, ce qui n’est que pure invention. Je vous laisse découvrir la motion en question ci-dessous en photo .
Je vous laissé également découvrir en images l’attitude irrespectueuse, emportée, déplacée du Député/Président de groupe Bruno Bilde lorsque je suis amenée à m’exprimer en début de Conseil municipal sur le sujet. Nous débattions alors du caractère d’urgence de la motion, afin de déterminer si, bien que déposée hors délai par la majorité municipale, elle devait être ajoutée à l’ordre du jour. Il a passé les quelques minutes de mon intervention à crier, à me couper, à m’intimider et à s’énerver, sans qu’à aucun moment le maire n’intervienne pour le rappeler à l’ordre. Pour mémoire, le Conseil n’avait alors commencé que depuis 3 minutes. La matinée s’annonçait longue…
Cette vidéo montre à quel point le dialogue avec ces gens est impossible: dès que vos propos contrecarrent leurs plans, tout est fait pour vous déstabiliser et empêcher les élus de s’exprimer sereinement ou le public de suivre intelligiblement ce que vous dites. En clair, il n’y a pas de place, ni dans un Conseil comme celui que nous avons vécu vendredi dernier, ni dans ceux que nous vivons depuis le début du mandat, pour l’expression de chacun. C’est cela la vision démocratique à la sauce Briois.
Je vous passe par ailleurs les incohérences totales de leur texte : M. Wojdowski tiendrait des propos « violents, haineux, menaçants, homophobes et antisémites sur Facebook depuis quelques semaines« . Mais un peu plus bas la motion précise que j’en aurais eu connaissance « le 5 juillet 2018 ». Donc il y a un an. Pourquoi, alors, une motion présentée comme « d’urgence » en juillet 2019? Parce qu’il fallait faire diversion, de plusieurs questions gênantes pour le maire qui devaient être examinées en fin de Conseil municipal et que vous pouvez consulter à la fin de cet article. Allumer un contre feu, en somme. Quitte à raconter n’importe quoi. Par exemple en précisant que le fameux D. Wojdowski est « un ancien élu de Oignies », mais sans préciser de quel parti (le leur).
La vérité, c’est que Monsieur Wojdowski est un double problème du Rassemblement national. Un problème créé par lui et un problème qui se pose à lui. Pour en avoir discuté depuis vendredi denier avec beaucoup de monde, je réalise que nombreux, dans son entourage, étaient ceux qui s’inquiétaient de ses dérapages. Ce qui n’a pas empêché ce parti d’en faire un élu municipal, en le plaçant haut sur sa liste en 2014 à Oignies. Lorsque le tête de la dite liste, François Vial (collaborateur parlementaire de Marine Le Pen), a frôlé l’inégilbilité à l’agglo du fait des fonctions qu’il occupait au service communication de la mairie d’Hénin-Beaumont (au Rassemblement national, on travaille en famille), il a même failli devenir Conseiller communautaire.
Et puis un jour, ils ont décidé de l’exclure du parti et du groupe au Conseil municipal de Oignies. Désemparé, vexé et en colère, il a cherché à se tourner vers beaucoup de monde, j’imagine à la fois pour se venger, mais aussi pour rester socialisé, car on sait à quel point ce parti, qui vous coupe de vos proches qui ne partagent pas ses idées, vous laisse seul quand il vous éjecte.
Il se met alors à écrire à beaucoup de monde pour raconter son histoire et « plaider sa cause ». Il m’envoie, comme à d’autres, beaucoup de messages sur Facebook, auxquels je ne répondrai que très rarement:
> Pour me dire qu’il a acheté mon livre et souhaite une dédicace,
> Pour m’expliquer – comme sans doutes à d’autres – qu’il ne comprends pas pourquoi il a été exclu mais reçoit, à plusieurs reprises, des courriers de Nanterre l’invitant à renouveler son adhésion,
> Pour m’envoyer des vidéos de repentis du Front qui révèlent les raisons de leur départ (dont celle d’un ex-élu FN d’Outreau, celui-là même qui avait passé un Conseil municipal de 2015 à m’insulter à base de « socialope » et autre, lire ici pour mémoire),
> Pour m’informer de la correspondance qu’il a avec des élus FN du territoire dont d’Hénin-Beaumont.
Les fois où je lui réponds, en fait, c’est pour lui faire remarquer qu’il ne peut pas tenir tel ou tel propos, que ça n’est pas acceptable. Il ne veut rien entendre. « Bègue PD c’est pas homophobe, il t’a bien traitée de vieille prostituée, lui » me répond-il. Je comprends surtout que cette violence verbale est en fait le lot commun du Rassemblement national. Que c’est comme cela qu’ils sont formés. J’arrête donc de lui répondre, ce ne serait que pure perte de temps. Il comprend d’ailleurs de lui-même que ça n’est plus la peine de tenir ce genre de propos avec moi, que je les désapprouve et les condamne.
Par contre, à chaque fois qu’il voit que j’organise quelque chose ou vais participer à un évènement, David W. m’écrit qu’il va venir. Y compris pour les Conseils municipaux. Dans ces cas là je lui réponds également, pour l’inciter à ne pas venir. Cela fonctionne pour la braderie de rentrée ou pour plusieurs Conseils. Parfois il vient quand même, comme récemment lors de la manifestation organisée au rond point des vaches contre le projet d’entrepôts logistiques Parcolog. Difficile dans ces cas là de lui demander de partir: la plupart des évènements que j’organise sont ouverts au public. Il est du public. Je n’ai contact avec lui que dans ces occasions où il participe, parmi d’autres, à des réunions PUBLIQUES. Mais je sens bien que dans ces circonstances il cherche souvent à se rapprocher de moi. Il choisit la chaise vide à côté de moi. Ou se glisse à mes côtés sur la photo que prend la voix du nord pour illustrer telle manifestation. Surement parce qu’il cherche à provoquer les élus héninois.
Cela me met très mal à l’aise, mais beaucoup de femmes politiques connaissent ce sentiment et il est compliqué de passer son temps à dire à untel que je souhaite être assise seul ou que je préfèrerai qu’il ne soit pas sur la photo. Seule, sans service d’ordre, je laisse tomber. Je prends sur moi.
Vendredi matin, sans crier gare, il décide de venir au Conseil municipal. Vous imaginez bien que là encore, ce n’est pas moi qu’il vient voir. Il vient défier le RN, avec qui, je le comprends en lisant quelques minutes plus tard la motion mentionnée ci-dessous dans la pochette qui m’attend à ma place, la tension est montée la semaine précédente. Il semble y avoir entre eux une forme d’attraction/répulsion: il les exècre, désormais, mais ne peut se résigner à tourner la page. Il a été exclu, humilié, alors il en perd les pédales et ne veut pas laisser tomber.
Lorsque j’entre dans la salle ce matin là, quelques minutes à l’avance, et que je rejoins ma place d’élue d’opposition à la table du Conseil municipal, il se lève de sa place dans le public, franchit les balises qui le séparent des élus et me tombe dessus pour me faire la bise.
Je suis extrêmement surprise. Il arrive que nous saluions des personnes du public en arrivant mais jamais que quelqu’un du public vienne nous trouver à notre place d’élus. Le temps que je comprenne ce qu’il souhaite faire (montrer à ses ex collègues RN présents et par qui il se sent malmenés qu’il ne se laisse pas faire et n’est pas seul), il a déjà commencé à me faire la bise.
Ce qui me choque vraiment, dans cette vidéo, pour le coup, ce sont aussi les éclaboussures de sang ajoutées, dans un montage digne d’un youtubeur de 12 ans, comme pour me faire passer pour une criminelle, une sérial killeuse.
Un beau morceau de hard-propagande frontiste…
La preuve de ce dont est capable le Rassemblement national: d’instrumentaliser un dérapage d’un ex de chez eux contre des militantes à eux, pour nuire à une opposante contre laquelle ils n’ont rien d’autre à dire. En incitant à la haine contre moi. Avec des phrases d’accroche outrancières telles que « les amitiés sulfureuses de Marine Tondelier » (amitiés?) ou encore « 2 héninoises menacées de mort par un proche de Marine Tondelier. Jusqu’où l’opposition ira-t’elle ? » (proche?).
Si David W. est proche d’un parti c’est bien du leur. L’exclure après avoir l’avoir fait élire et avoir siégé à ses côté plusieurs années ne leur permet pas d’expliquer qu’ils sont victimes, lui coupable, et bientôt que tout cela serait de ma faute…
Donc je vais, comme je l’ai toujours été, être très, très, très claire:
> Je condamne avec la plus grande fermeté les violences faites aux femmes qu’elles soient physiques, verbales, mentales (toute cette séquence et cette vidéo me ciblant pour des faits n’ayant pas de rapport avec moi en est, d’ailleurs, une forme, au cas où ils ne s’en seraient pas rendus compte…);
> Je condamne également avec la même fermeté l’ensemble des propos violents, haineux, menaçants, homophobes et antisémites qui peuvent s’exprimer oralement ou sur les réseaux sociaux, qu’ils proviennent d’habitants d’Hénin-Beaumont, de Oignies ou d’ailleurs. Notez à ce sujet que j’en suis régulièrement victime, souvent suite à des publications du maire d’Hénin-Beaumont ou de ses équipes d’ailleurs, et que je n’ai jamais vu de motion d’urgence en conseil pour le condamner. Même quand j’ai fait l’objet de menaces de mort. Même que j’ai fait l’objet d’incitations au viol. Même quand j’ai été traitée de tous les noms, de « résidu de fausse couche », de « sorcière à mettre au bucher », de « nazie de gauche », j’en passe et des meilleurs.
Ce sont des choses que j’aurais affirmées très clairement si la motion de Bruno Bilde avait effectivement été examinée à la fin du Conseil municipal. Vous verrez à la fin de cet article que par un petit tour de passe-passe dont ils ont le secret, cela n’a pas été possible. Ce qui leur permet d’affirmer haut et fort que « je n’ai même pas condamné ses propos ». C’est, pour ceux qui en doutaient, chose faite!
Pour en finir avec cette histoire, je rappellerai simplement que je n’ai aucune leçon à recevoir en terme de « fréquentations » de qui que ce soit, surtout lorsque je ne « fréquente » pas la personne en question.
Et que si j’en avais à recevoir, ce ne serait surement pas des dirigeants d’un parti qui fait des bals en Autriche avec la pire extrême droite européenne, qui emprunte à Poutine, qui fraye avec les milices fascistes et qui, il n’y a pas si longtemps que cela, faisait intervenir au Conseil municipal d’Hénin-Beaumont une fausse victime des attentats de Nice qui s’affichait partout sur le web en photo avec toutes les figures du Front National alors que quelques clics sur Google permettaient de démasquer ses mensonges, usurpations et délits. Vous n’allez pas me faire croire qu’eux, qui surveillent tout le monde, ne s’en étaient pas aperçus…
Vous trouvez tout ce qui précède totalement grotesque? Et encore, vous n’avez rien vu… A ce stade du Conseil municipal, nous n’avions même pas encore entamé l’ordre du jour prévu!
Au bout de 10 minutes de sketch , Steeve Briois a donc entrepris de passer à un autre sujet en présentant une délibération concernant la réparation, pour le prochain mandat, des sièges de la Communauté d’Agglomération Hénin-Carvin entre les différentes communes la composant.
Là aussi, les choses ont rapidement dérapé, tellement les élus à qui nous avons affaire sont de mauvaise foi… au point de nous comparer à des collabos!
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« En temps de guerre, vous savez, vous portez un nom, c’est de la traîtrise. Heureusement qu’on n’est pas en guerre parce qu’on ne sait pas dans quel camp vous seriez ! » Steeve Briois à son opposition, 19 juillet 2019, Hénin-Beaumont
Les choses sont pourtant simples et ne nécessitent pas tant d’emportement, qui discrédite totalement leurs auteurs.
La manière dont les choses doivent légalement se faire est posée par le Code Général des Collectivités territoriales, article L5211-6-1.
Il y a deux solutions.
La première, c’est ce que l’on appelle « la base légale ». Un nombre de sièges est déterminé selon le nombre d’habitants de l’agglo: 48 pour la nôtre. Ils sont ensuite répartis à la proportionnelle à la plus forte moyenne entre les différentes villes la composant. Si une des communes n’obtient aucun siège avec cette méthode de calcul, un siège supplémentaire est alors créé pour le lui attribuer. C’est ainsi qu’un 49ème siège serait, le cas échéant, ouvert pour la petite commune de Bois Bernard.
Une autre solution est possible si ce que l’on appelle un “accord local” est trouvé. La condition? C’est que ⅔ des villes soient d’accord. Représentant au moins la moitié de la population. Dans ce cas là on peut alors augmenter le nombre de sièges totaux de 25% et donc aller jusqu’à 61 conseillers communautaires pour notre agglo, idée qui semble faire consensus. Je précise qu’en terme de coût pour le contribuable cela ne change rien: la somme totale des indemnités reste la même mais est divisée entre plus de monde.
Là où les avis divergent, c’est que parmi ces 61 élus, on peut imaginer plusieurs modes de répartition pourvu que quelques règles soient respectées: chaque commune a au moins un siège, aucune n’a plus de la moitié des sièges, etc.
Mais rien n’indique que cela DOIT se faire à la proportionnelle à la plus forte moyenne comme le prétend le maire d’Hénin qui revendique ainsi 13 sièges pour sa commune. Ce serait parfaitement légal de le faire, mais cela reste une possibilité parmi d’autres: d’autres répartitions respectent également parfaitement la légalité.
On arrive donc à un débat d’opportunité. Quel mode de répartition est le plus juste? Quel mode de répartition, surtout, fait consensus localement.
La méthode proposée par l’agglomération Hénin-Carvin est la suivante, et elle est, au contraire de ce que prévoit notre maire, très démocratique.
Pour chaque commune de la CAHC, on est reparti de la répartition à la plus forte moyenne sur 49 sièges, telle que proposée dans l’option 1.
Puis à partir de là on a calculé la représentativité de chaque ville dans l’hémicycle pour 49 sièges (11 sièges, soit 22,45% pour Hénin). Mais aussi la représentativité de sa population sur population globale de l’agglomération (20,65% pour Hénin).
On a ensuite mesuré sur toutes les communes l’écart entre les deux, c’est à dire la différence entre la représentativité d’une commune dans la population de l’agglomération et dans son hémicycle. Et on a attribué les sièges suivants à chaque fois dans l’ordre d’incohérence de l’écart, c’est à dire en le proposant à chaque fois à la ville qui était la plus lésée par cette répartition, en l’état.
Le 50ème siège va donc, avec cette méthode, à Evin Malmaison, puis à Rouvroy (51ème siège), à Libercourt (52ème siège), à Noyelles Godault (53ème siège), à Courrières (54ème siège), à Dourges et Drocourt (55 et 56ème ex-aequo), à Carvin (57ème siège), à Hénin-Beaumont (58ème siège), à Montigny-en-Gohelle (59ème siège), à Courcelles-les-Lens (60ème siège) et enfin à Oignies (61ème siège).
Bref: rien de très « anti-démocratique » à cette méthode de calcul qui, au contraire, compense à chaque siège supplémentaire le plus lésé jusque là. Surtout, ce mode de répartition met d’accord 13 villes sur 14, représentant plus de 77% de la population de l’agglomération. Le maire d’Hénin-Beaumont doit comprendre que la démocratie, ce n’est pas lui content tout seul contre toutes les autres villes.
Mais comme il n’est pas du genre à l’admettre facilement, il a gravement dérapé en entreprenant des parallèles douteux avec la Seconde guerre mondiale. Je le cite: « En temps de guerre, vous savez, vous portez un nom, c’est de la traîtrise. Heureusement qu’on n’est pas en guerre parce qu’on ne sait pas dans quel camp vous seriez !« . Je vous jure. Il a VRAIMENT dit ça. C’est vous dire le niveau de son argumentation. Surement était-il incapable d’étayée de manière posée et solide sa contre-proposition, qui n’aura au final reçue que 29 voix sur toute l’agglomération: celles des conseillers de la majorité héninoise.
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Un « presque » retour au calme
Les délibérations suivantes traitaient de sujets plus concrets pour les habitants d’Hénin-Beaumont, et ont donné lieu à des débats presque normaux.
Je dis « presque » car cela n’a pas empêché – c’est son habitude – Bruno Bilde d’aboyer à de multiples reprises, en fait à chaque fois qu’on touchait un point sensible, et ils semblent être nombreux…
Je n’ai notamment pas pu finir de poser deux questions pourtant très simples. La première concernait une convention « sécurité en gare » passée avec la SNCF à l’occasion de laquelle je souhaitais qu’ils expliquent où en était le projet d’ascenseur en gare d’Hénin-Beaumont. « Aucun rapport avec la sécurité » m’ont-ils immédiatement coupée avant que je ne puisse expliquer que si, justement, la sécurité des personnes revient également à ne pas laisser les personnes en fauteuil et les mamans avec poussette livrées à eux même quand ils souhaitent aller en TER à Lens ou revenir de Lille.
Idem, ils n’ont pas apprécié que l’on propose que le dispositif « petits-déjeuners » soit étendu à toutes les écoles de la ville. En effet, les écoles REP+ accueillent des publics plus précaires que les autres mais il existe des enfants en difficulté dans toutes les écoles de la ville, et c’est une vraie faiblesse de ce dispositif proposé par le gouvernement: alors plutôt que de se lamenter à ce sujet, pourquoi ne pas entrer en action localement? Déployer cette mesure nécessite une petite logistique qui devra de toute manière l’être (choix des produits, définition du jour de la semaine de distribution). Une fois ce problème résolu pour 2 écoles, pourquoi ne pas le faire pour les autres? Encore une remarque qui a déplu au maire puisqu’il a coupé mon micro en m’empêchant de poursuivre et est passé au sujet suivant, malgré mes multiples protestations.
Nous avons également débattu de la mise en place d’un « permis de végétaliser » à Hénin-Beaumont (je suis ravie que cette mesure portée par les majorités écologistes ait fini par convaincre Steeve Briois). Dommage que le maire ait expliqué, pour répondre à mes questions, que cette mesure ne serait pour commencer expérimentée que dans 2 rues de la ville. Et qu’elle ne concernerait que les frontons de maison donnant directement sur la rue, et pas le matériel urbain ou les friches, mêmes petites.
Enfin, le processus de concertation sur la prochaine révision du Plan local d’urbanisme a fait l’objet d’une délibération. Outre le fait que cette révision arrive très vite (le dernier PLU, après 3 ans de travail, a été adopté en décembre 2016, quelle urgence à le réformer?), j’ai commencé par rappeler que j’avais proposé au dernier Conseil plusieurs amendements pour en orienter les objectifs. En effet, le maire souhaitait afficher en principal objectif « le développement économique ». J’avais souhaité, comme à l’agglomération, que l’on puisse inscrire dans le marbre par amendement que cela ne pourrait se faire à l’encontre du développement durable. J’avais également proposé que l’on soit plus explicite, dans la délibération du précédent conseil fixant les objectifs de la révision du PLU, sur le fait que l’objectif était de favoriser les modes doux, et pas simplement d’en « étudier la possibilité ». Ces deux amendements, qui répondent pourtant aux attentes des héninois et des beaumontois excédés par le tout béton, n’avaient même pas été examinés par le maire qui avait prétexté un soucis absurde de procédure.
J’ai également pu questionner le mode de concertation qui sera appliqué pour ce PLU, en m’interrogeant sur l’absence des associations dans le dispositif proposé par le maire, sur le faible nombre de réunions publiques prévues et sur leur calendrier: la population sera-t’elle, comme souvent, prévenue tardivement quand tout est ficelée ou sera-t’elle vraiment et largement associée à la concertation?
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L’embrassement final
Les débats progressaient donc, mes collègues et moi intervenant également sur la subvention destinée au Souvenir Français, sur une délibération concernant les bailleurs sociaux, sur une autre concernant le projet de ligne très haute tension contre laquelle nous avons voté et également sur la proposition du maire de dénomer une rue Nestor Calonne en mémoire au maire communiste ayant administré notre ville pendant trois années après-guerre, etc.
Bon an mal an, nous en sommes arrivés à la fin de l’ordre du jour: l’opposition avait écrit 3 questions orales et 2 motions, qui doivent obligatoirement être mises à l’ordre du jour si elles sont déposées dans les formes: elles l’étaient.
Petite concertation du regard entre Steeve Briois et son bras droit/président de groupe Bruno Bilde. Ils annoncent que l’on commencera par la question de David Noël que je vous mets en photo ci-dessous et en PDF ici.
Mon collègue communiste y rappelle le harcèlement et le lynchage dont a été victime l’ancien Directeur des Affaires Financières de la ville, Ahmed Nacer, mis au placard et publiquement dénigré et traité d’incompétent par la majorité d’extrême droite en plein Conseil municipal en 2017. Pour ces faits, Steeve Briois a récemment été condamné pour diffamation à 1000 euros d’amende.
Alors que mon collègue David Noël lisait sa question orale, précisant que « dans cette affaire, une ligne rouge avait été franchie, celle qui sépare le supérieur hiérarchique mécontent du travail d’un agent, mais qui reste dans sa posture de supérieur hiérarchique, du patron-voyou harceler qui s’acharne pour détruire une personne », Steeve Briois s’est mis à hurler. Il a demandé plusieurs fois, d’un air menaçant, à ce que mon collègue répète ce qu’il venait de dire, l’empêchant ainsi de terminer sa question. Puis a crié à la diffamation, annonçant que David Noël ferait l’objet d’une nouvelle procédure en diffamation à ce sujet (je pense qu’il peut être serein, il en est à sa 10ème relaxe depuis le début du mandat dans des procédures bidon du style, qui visent surtout à intimider les élus d’opposition, le tout, bien sûr, aux frais du contribuable).
Le maire a ensuite expliqué que pour condamner ce dérapage intolérable, il mettait fin au Conseil municipal. Inutile de vous dire que ce moment était très savoureux:
> Des dérapages, il y en avait eu beaucoup depuis le début du conseil, qui lui avaient parus beaucoup plus tolérables puisqu’ils venaient… de ses amis (Bruno Bilde m’a notamment hurlé « ferme là, espère d’hystérique » (voir vidéo ci-dessous) alors que je tentais de terminer mon intervention, micro brutalement coupé par Steeve Briois – s’ils veulent encore faire « une motion contre les violences sexistes au prochain Conseil municipal; cela nous ferait un joli sujet d’étude »);
> Le même maire qui en avait fait des tonnes en début de conseil sur « l’agglo antidémocratique » pour des affaires politiciennes de répartition de sièges, se permet de mettre un terme brutal au Conseil municipal pour convenance personnelle.
Bien sûr, ne soyons pas naïf, ce vrai faux incident de séance avait été planifié, préparé, répété. Tout cela était cousu de fil blanc. Pourquoi? Parce que les questions orales et motions suivantes les dérangeaient. Et que nous avons affaire à de grands démocrates, qui ont trouvé comment s’en débarrasser: en choisissant l’esquive, avec le courage qu’on leur connait.
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Les questions qui fâchent
Bien sûr, vous me connaissez, plus je comprends qu’une question les dérange, plus j’ai envie de vous en parler. Voici donc, dans le détail, les 4 sujets que Steeve Briois ne voulait pas aborder vendredi dernier en Conseil municipal:
1. La reconnaissance par le Tribunal Administratif de l’illégalité de la pratique par Steeve Briois des « notes de publication » en dessous des tribunes des élus d’opposition
La seconde question orale, portée par notre Président de groupe Eugène Binaisse, portait sur un jugement du 25 juin 2019 donnant raison à mon collègue David Noël et annulant la décision du directeur de publication du magazine municipal d’insérer une note de la rédaction sous La Tribune de notre groupe, pratique systématique, mois après mois, malgré les rappels à l’ordre de la préfecture sur le sujet. A part expliquer que « le juge était gauchiste » (son argument à chaque fois qu’il perd, ça doit être vraiment TRES gauchiste ce milieu ;)), Steeve Briois s’est peu exprimé sur le sujet et mon collègue souhaitait donc lui demander si « la municipalité d’Hénin-Beaumont comptait respecter à l’avenir le jugement du Tribunal Administratif et les droits de l’opposition« . On devra attendre quelques semaines pour le savoir, du coup…
Le texte complet de la question orale ici.
2. Les atteintes préoccupantes au droit syndical en mairie d’Hénin-Beaumont
La question orale suivante avait été déposée par mes soins, pour évoquer un mail du vendredi 14 juin adressé par Steeve Briois à l’ensemble des agents municipaux et prenant nommément à partie un syndicaliste, ce qui est inédit, et dans l’histoire du dialogue social à Hénin-Beaumont, et de manière générale en France dans les relations entre un maire et son personnel.
Ces graves accusations font suite à la distribution d’un tract syndical que le maire qualifie de « mensonger » et de « diffamatoire » mais qui ne fait rien d’autre que d’informer les agents municipaux des actualités sociales les concernant, ce qui jusqu’à preuve du contraire est exactement le rôle d’un tract syndical.
Sa réaction pose plusieurs problèmes :
> Premièrement, elle vise nommément un agent alors que le tract et sa distribution étaient l’opération d’une équipe. L’intention de l’humilier, de l’isoler et de l’intimider est donc manifeste. Celle de prendre à témoin tous ses collègues pour les effrayer en dit long sur ses méthodes…
> Ensuite, et c’est encore plus grave, Steeve Briois se sert pour l’attaquer de l’engagement politique de sa femme qui serait je le cite « déclarée candidate aux élections municipales contre vous ». Attaquer un employé municipal, qu’il soit ou non syndicaliste, sur les engagements politiques de sa famille est totalement aberrant. Nous sommes au XXIème siècle. Les femmes ne demandent pas à leur mari ni ce qu’elles ont le droit de voter, ni auprès de qui elles peuvent s’engager. Et cette information n’a pas à être communiquée, et surtout pas par son employeur, aux collègues de leur mari.
S’en prendre à un proche pour cibler un adversaire politique est abject et devient chez ces gens une habitude qu’il faut condamner. Ma question visait à demander à Steeve Briois des excuses. Là aussi, il faudra attendre quelques semaines…
Le texte complet de la question ici.
3. Le projet Parcolog de construction de 80 000 mètres carrés d’entrepôts logistiques dans la partir beaumontoise de notre ville
Le projet d’extension Parcolog vise à construire près de 80 000m2 d’entrepôts logistiques répartis en 13 cellules de stockage de matières combustibles, représentant un bâtiment de 441m de longueur et 194m de largeur. A cela s’ajoutent un parking de 30 places pour les poids lourds en plus des places à quai, et 300 places de parking pour les véhicules légers. Soit 660 véhicules supplémentaires par jour sur la RD40 …
Tout ça pour quoi ? Un paysage mutilé par des hangars et feront encore un peu plus perdre à Beaumont son âme de village. Des surfaces agricoles perdues pour la création de circuits courts alimentaires. Des nuisances sonores. Des impacts sur notre cadre de vie et sur notre santé. Des promesses irréalistes sur l’emploi.
En plus du tract et de la pétition que nous avons, avec les collègues, largement diffusés le mois dernier en vue de l’enquête publique en cours (à retrouver ici), nous avions donc déposé une motion (consultable ici) pour que le Conseil municipal puisse prendre position officiellement contre le projet.
Le maire, qui aurait très bien pu examiner cette motion avant l’incident de séance, a préféré esquiver. Pourquoi, alors qu’il prétend être contre?
Parce que sa position est beaucoup plus ambiguë qu’elle n’y parait. En témoigne les amendements niveau CM2 qu’il avait fait déposer sur table à notre texte :
Alors que notre texte se concentrait sur le projet et non sur ses responsabilités politiques compliquées, le RN a donc décidé de m’attaquer, bien minablement.
C’est désormais une tradition chez eux: plus ils se sentent mal à l’aise avec un problème à eux, plus ils me le mettent sur le dos… en écrivant en plus n’importe quoi.
J’apprends donc dans ces amendements caricaturaux que je serais une « pseudo-écologiste » (lol) et que tout serait de la faute de Christophe Pilch, président de l’agglomération et de Territoire 62, qui apparaît comme seul responsable.
Or le problème est un peu beaucoup plus compliqué que cela. Puisque Steeve Briois veut jouer à ce jeu, parlons-en: saviez-vous que le 21 octobre 2016, le Maire d’Hénin-Beaumont a signé avec Territoire 62 une convention lui cédant 8 millions d’euros de terrains, en sachant pertinemment qu’ils seraient destinés à ce projet? Peut-être pas… mais eux le savent pertinemment, ce qui explique sûrement leur fébrilité sur le sujet.
Par ailleurs, Steeve Briois a signé cette convention avant que Christophe Pilch ne prenne la présidence de T62. Il peut donc invectiver qui il veut pour impressionner ses copains, ce n’est ni la signature de Christophe Pilch, ni la mienne qui figurent sur ce document, mais LA SIENNE. C’est bien lui qui a engagé la ville dans ce projet. Il doit l’assumer.
Peu étonnant, il a lâchement préféré squeezer le débat en Conseil municipal sur le sujet. Manifestement, il était plus commode de faire des promesses électorales aux Beaumontois en leur garantissant de préserver leur cadre de vie que de s’engager réellement pour tenir cet engagement.
4. Le projet alternatif que nous portons pour l’Espace lumière et l’école de musique d’Hénin-Beaumont
Comme je vous l’expliquais la semaine dernière au moment du dépôt de cette motion, mes collègues et moi avons enfin souhaité préparer et proposer un contre-projet à ce que propose le maire pour l’école de musique : un transfert dans les anciens locaux de l’Espace lumière. Nous en avons parlé plusieurs fois en Conseil municipal, mais le maire ne nous a jamais laissé le temps de développer et a refusé notre demande de visiter les locaux en question pour nous rendre compte des travaux nécessaires (et de l’absence totale de fenêtres).
Nous avons donc pris la décision de déposer une motion pour que le débat ait lieu, sérieusement. Salle de cinéma d’art et d’essai en centre ville, salle numérique et interactive pour visiter des musées du monde entier depuis Hénin-Beaumont, musée local, salle fab Lab, espace de gratuité, maison des services, espace de CoworkingLille, espace d’exposition d’art contemporain: nos propositions sont détaillées ici.
Mais la mairie d’Hénin-Beaumont, qui prétend que les élus d’opposition ne font jamais de propositions, passe son temps à dénigrer celles qu’elle fait.
En l’occurence, leurs amendements proposent des tableaux annexes pipeautés, qui calculent soit disant combien notre projet demanderait de mètres carrés (ils y surestiment manifestement toutes les superficie nécessaires, ce qui montre leur mauvaise foi consternante).
Puis ils chiffrent le tout en prétendant que « notre projet coûterait 3 fois plus cher que le leur » et « entraînerait une hausse des impôts » tout en ne laissant « aucune marge de manoeuvre durant plusieurs exercices budgétaire ».
Preuve de leur petite manip, ils expliquent alors que eux feraient une école de danse à tel endroit, qu’ils remplaceraient l’école de la cité Foch par un « espace de vie sociale », qu’ils feraient un musée local « dans l’ancien magasin Michon », à quelques mètres de là. Pourquoi n’intègrent-ils pas ces coûts dans le calcul du budget global de leur projet, comme ils l’ont fait pour le nôtre? Une supercherie de plus…
Nous maintenons que leur projet contribuerait à délaisser la Cité Foch pour poursuivre leur stratégie de concentrer dans un centre ville déjà saturé tous les services et toutes les activités, au détriment des quartiers.
Nous maintenons également que la moindre des choses, comme proposé dans notre texte initial, aurait été qu' »un temps de réflexion soit défini pour qu’un travail de concertation sur l’avenir de l’Espace lumière et de l’Ecole de musique soit mené entre élus de toutes tendances confondues, les agents de la collectivité et les habitants intéressés ».
Cela nous parait la moindre des choses étant donné les sommes engagées et attachement des habitants à ces structures.
Manifestement, c’est déjà trop demandé à l’équipe en place qui a même fait en sorte d’éviter que le débat n’ait lieu en Conseil municipal.
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Cet article était surement un peu long mais il me semble important, à chaque fois, de raconter les scènes hallucinantes que nous vivons en Conseil municipal.
Rappelons que le maire, selon la réglementation, est le garant du fait que les débats s’y tiennent dans de bonnes condition. A Hénin c’est l’inverse: il encourage les élus de son camp qui nous coupent et nous prennent à parti, il ne fait pas taire le public quand il nous interpelle ou nous conspue, il dépose de fausses motions d’urgence grotesques, et il clôture les débats quand on arrive aux sujets qui ne lui plaisent pas.
Et dire que ce Conseil avait commencé par une délibération dans laquelle il en appelait à un sursaut démocratique… #LaPailleLaPoutre.