Petite leçon de propagande, de la part d’un maire d’extrême droite

Autre

Et pour cela rien de tel qu’un cas pratique…

Hier, on m’alerte: « Marine, tu devrais aller lire ce que le maire vient de poster sur Facebook et qui paraitra dans le prochain Conseil municipal, c’est encore plus dingue que d’habitude ». 

Dans ma tête, je me dis « ah bon, c’est possible ça, d’aller encore plus loin »? Et bien figurez vous que oui! Et même mieux: constatez-le par vous-même :

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Je parcours la diatribe en diagonale, à la fois choquée mais malheureusement blasée tant sa propagande outrancière est devenue prévisible…

Je nous y vois qualifiés avec mes collègues de « hargneux », à l’origine d’une « violence inquiétante », nous qui sommes dans le « refus de voter des aides sociales aux plus démunis », j’y apprends même nos « attaques contre le quartier de la ZAC, les enfants de l’école Breuval et Miss Héninois » (rien que ça, on va finir fichés S si ça continue. Notre spécialité selon Steeve Briois? « Afficher sa haine » (l’hôpital qui se fout de la charité) et même « s’en prendre directement aux habitants avec une violence verbale inouïe ». Bref, nous sommes des « gens dangereux » conclue-t’il.

Bon, nous voilà donc, comme chaque mois, rhabillés pour l’hiver… Je vous avoue que l’on s’y habitue… sans s’y habituer. Il y a quelque chose de récurrent dans cette pratique, mais cela reste vertigineux de lire mois après mois que vous « gagnez 5000 euros par mois » (faux, mais Steeve Briois et Bruno Bilde oui par contre), « bousculez des personnes âgées aux voeux du maire » (vous imaginez bien sur que c’est mon passe temps favori), faites des dépôts intempestifs de gerbe (un sport national), faites de la politique « pour votre intérêt » (alors que le mandat de conseiller municipal d’opposition à Hénin est bénévole et qu’on s’en prend surtout plein la tête avec le sourire), « avez la haine d’Hénin-Beaumont et de ses habitants » (c’est surement pour cela qu’on y habite d’ailleurs), que vous êtes « sectaire », « stérile », « revanchard », « haineux », « hargneux », « hystérique », « intolérants », « mesquins », dans la « duplicité permanente », j’en passe et des meilleurs. (#ResterZenSurtout).

Bref, un chapelet d’éloges égrainés mois après mois avec les outils de communications de la mairie, financés par le contribuable. Une forme d’incitation à la haine institutionnelle, en somme.

Mais, il faut l’avouer, un chef d’oeuvre de propagande.

Car qu’y a t’il en réalité derrière cette tribune?

Simplement le fait que mes collègues et mois nous soyons abstenus sur le budget de la ville en Conseil Municipal, et que j’ai fait de même au CCAS où je représente l’opposition municipale.

Pourquoi avons nous fait cela?

Voter un budget, c’est être d’accord avec sa construction, ses priorités, ses orientations, et la manière dont il sera exécuté. En gros être d’accord avec les politiques municipales menées.

Nous ne le sommes pas avec mes collègues. Rien d’exceptionnel, cela arrive dans plein de villes. Ça arrive même au FN quand ils sont eux-même élus dans l’opposition municipale, au département, à la région, quand ils sont députés, nationaux ou européens. Mais là c’est normal.

Ce que le Rassemblement National ne supporte pas, en fait, c’est la moindre question. Le moindre élément de contradiction. Alors ils se vengent en en faisant des tonnes…

Rappel du contexte: la majorité municipale a brutalement décidé sans en parler en Conseil municipal de déménager l’emblématique maison de quartier Maurice Thorez dans un autre quartier, afin de transformer le lieu en cantine pour enfants. Résultat: tant mieux pour les enfants de Breuval, très sincèrement. Nous ne remettons absolument pas en cause leur besoin en lieu de restauration proche de leur école. Mais des questions se posent sur les nouveaux locaux de la maison de quartier: bien plus exigus, moins accessibles, etc. Et, adroitement, le nom de Maurice Thorez disparait (« parce qu’on ne veut pas de noms politiques pour des lieux réservés aux enfants »: les écoliers des emblématiques écoles Leon Blum et Guy Mollet ont l’air de s’en remettre, mais bon, passons).

Certains fins connaisseurs de la dite maison de quartier nous alertent, soulignant par ailleurs que le budget de ces structures serait passé en quelques années de 10 000 à 2000 euros. Nous posons donc la question en Conseil municipal. Une fois, deux fois, trois fois. pas de réponse sur ce chiffre. Et des explications alambiquées sur « pourquoi c’est mieux à la ZAC » et que forcément, « c’est nous qui ne comprenons rien ».  (c’est étrange d’ailleurs car j’étais encore hier en RDV avec 3 habitants de la ZAC, et qu’un quatrième m’a dit vendredi sur le marché être entièrement d’accord avec le fait que même pour les habitants de la ZAC, l’emplacement de cette maison de quartier n’était pas adapté. Décidément, beaucoup de gens ne « comprennent rien » à Hénin-Beaumont selon Steeve Briois …).

Un épisode banal de politique municipale, en somme. Des questions nous parviennent, nous les posons, pour avoir des réponses (que souvent nous n’avons que sous forme de moqueries, cynisme, condescendance, coupure de micro, etc).

Mais à Hénin, les choses vont toujours plus loin, alors ce qui n’est à la base qu’une simple question est ensuite amplifié, transformé par la propagande municipale, pour devenir des « attaques » de l’opposition municipale « contre le quartier de la ZAC et les enfants de l’école Breuval ». Avec Steeve Briois, relayer une question, attaquer un enfant, c’est pareil. Tout est dans la mesure, comme souvent avec l’extrême droite…

Mon collègue communiste, lui, est même qualifié dans La Tribune municipale analysée ici de d' »opposant le plus macho de l’agglomération ». Pourquoi? Il a mis quelques réserves sur l’organisation du concours de « Miss Héninois », guide « osez le féminisme à l’appui. On ne voit pas bien le rapport avec du machisme mais bon, le maire n’est pas là pour être rationnel. Son objectif est plutôt d’hypnotiser ses administrés sur le mode « je ne veux que votre bien, mes ennemis sont vos ennemis, d’ailleurs ils vous détestent ». Très TRUMPien comme réthorique…

Alors nous allons remettre les choses au point:

NON, nous n’avons pas voté les budgets du CCAS et de la ville.

Nous n’avons pas voté pour, nous n’avons pas voté contre non plus, nous nous sommes ABSTENUS.

Cela signifie que nous n’avons pas fait obstacle à leur adoption, et donc ni au paiement des salaires, ni des allocations sociales, ni aux repas des enfants à la cantine, ni à rien. Nous avons juste émis nos doutes sur une kyrielle de sujets, sur lesquels nous aurons très prochainement l’occasion de revenir en détails.

Si vous étiez à notre place avec tout cela en tête, qu’auriez vous fait? Vous êtes peut être membre d’une ou de plusieurs associations: si vous aviez des doutes sur sa gestion, ses orientations, vous en voteriez le budget? Non.

L’abstention permet de ne pas faire obstacle au vote global du budget et donc aux diverses allocations mais de souligner son désaccord quand même. C’est un principe démocratique. C’est même un devoir moral lorsque l’on est élue et que l’on a des inquiétudes.

Donc Monsieur Briois peut continuer à se fâcher tout rouge et à être aussi caricatural qu’il ne souhaite, il ne nous donnera pas pour autant plus envie de voter pour.

Il montre juste ainsi son vrai visage: un manipulateur qui ne supporte pas la contradiction.

Heureusement pour Hénin-Beaumont, nous sommes de plus en plus fréquemment contactés par des habitants qui se réveillent progressivement après avoir cru un temps dans les promesses et les fables du maire.

Nous faisons le pari que l’outrance de Steeve Briois va accélérer ce processus…

Et restons à la disposition de celles et ceux qui souhaitent en discuter.