DIVERSION – MANIPULATION – INTIMIDATION : lettre ouverte aux habitants d’Hénin-Beaumont

A Hénin-Beaumont, Au conseil municipal d'Hénin-Beaumont, Front National, Hénin-Beaumont, Humeur, Mon travail d'élue, Prises de position, Sur le terrain

Cher-e- Habitant-e-s d’Hénin-Beaumont,

Puisque le FN a décidé de faire diversion, de manipuler et d’intimider à grands coups de « publicité » Facebook, vous avez sûrement pris connaissance de la publication ci-dessous à mon sujet.

 

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Les faits sont les suivants: mes collègues et moi avions engagé en début de mandat une procédure pour faire respecter nos droits vis-à-vis du magazine de propagande municipale que vous recevez chaque mois dans votre boite aux lettres et dont vous savez donc qu’il outrepasse ses fonctions d’informations municipales pour prendre violemment à parti élus d’opposition et journalistes locaux. Comme les exemples de pratique du directeur de publication qui nous paraissent contestables s’étaient multipliés entre temps, nous avons choisi de déposer un nouveau recours plus récent. Pour éviter un acharnement juridique sur la municipalité, nous avons donc décidé de nous désister de ce premier recours. La justice en a pris acte et nous a simplement demandé de rembourser les frais engagés par la mairie. Ce qui est normal et que nous ferons.

Ce n’est pas la première fois que notre maire utilise des « publications sponsorisées » sur Facebook pour m’attaquer ainsi que mes collègues du groupe d’opposition municipale: c’est à dire qu’il paie pour que vous receviez des publications et insultantes et manipulatoires à notre égard. Soit. Chacun considère son rôle républicain de Maire comme il le souhaite.

J’ai quelque part pris l’habitude que le Maire règle ses comptes avec moi par réseau social interposé. C’est sa liberté de le faire s’il juge que je vaux ces sommes qu’il jette par les fenêtres. C’est surtout très paradoxal d’expliquer que je ne sers à rien et que je n’existe que dans les médias… mais de me consacrer un véritable budget communication, pour parler, lui-même, de moi, mois après mois. Peut-être que si nous étions si nuls qu’il le dit il ne le ferait pas, d’ailleurs…

Je trouve par contre extrêmement choquant qu’il le fasse cette fois via la page Facebook de notre ville, et pas sa page personnelle « Steeve Briois » qui elle n’engage que lui.

Qu’un maire utilise les outils de communication municipaux pour mettre en avant ses réalisations et relayer la vie municipale est une chose: c’est même leur but premier. Qu’il détourne ces moyens pour régler ses comptes avec une opposante municipale en est une autre. C’est choquant sur un plan moral. Sur un plan éthique. Et sur un plan politique. 

Je reste très calme et prends cela avec beaucoup de détachement (c’est ce que l’on apprend à faire quand on est élue d’opposition dans cette ville). Mais parce qu’il est est important de défendre la vérité, je souhaite rétablir certains faits par moi-même. Et suis contrainte de sponsoriser à mon tour cette publication pour que les personnes qui ont reçu le message initial de la ville reçoivent mes commentaires à son sujet et aient tous les éléments en main pour juger par eux-même (je ferai par ailleurs parvenir un droit de réponse au maire en lui demandant – c’est la loi – qu’il le fasse paraître sur la page facebook de la ville où mon honneur a été mis en cause, mais je sais par expérience que le risque est que cela prenne du temps… ou même que mon courrier soit ignoré parce ce grand démocrate).

Je précise que je le fais sur mes deniers personnels. Et sur ma page Facebook personnelle. Contrairement au maire, je n’utilise pas les outils de communication officiels de ma ville pour régler mes comptes. J’aimerais d’ailleurs que l’on fasse un jour la somme de ce que ce genre de stratégie coûte au contribuable héninois.

« Hénin-Beaumont c’est vous » titre chaque mois son journal municipal qui sert d’arme de propagande massive. Il a raison. Hénin-Beaumont, c’est vous. C’est votre argent aussi.

Ces éléments de contexte étant rappelés, passons-en à l’analyse de cette publication du 2 novembre qui reprend 3 des méthodes préférés du Front National: la Diversion, la Manipulation et l’Intimidation.

 

— DIVERSION —

Cette charge violente intervient comme par hasard le lendemain de la révélation d’une information grave et très embêtante pour la municipalité, et dont le maire souhaiterait détourner votre attention.

Après une longue enquête de police, Christopher Szczurek vient d’être mis en examen pour la création en 2015 d’une page Facebook « La Voie d’Hénin ». Cette page anonyme, ramassis de rumeurs, de propos gravement diffamatoires et de fake news à la Trump, insultait les élus d’opposition, employés municipaux « dérangeants » pour le maire et les journalistes de la Voix du Nord qui ont fini par déposer plainte… L’enquête qui s’en est suivie a fait le lien entre cette page et l’adresse « IP » (numéro d’identification d’un ordinateur) de l’adjoint Héninois! Si nous sommes dans l’attente du jugement définitif dans cette affaire, les faits en notre possession, qui confirment nos soupçons, sont pour le moins troublants.

C’est grave, car en plus d’être l’assistant parlementaire de Bruno Bilde et d’une députée européenne (là encore c’est son droit), Christopher Szczurek est aujourd’hui… l’adjoint à la communication de notre ville. Dans n’importe quelle autre ville, un adjoint qui serait soupçonné de créer des pages anonymes pour insulter et mentir sur d’autres élus, les journalistes locaux et des employés municipaux serait contraint à des explications (ce que nous n’avons toujours pas, son silence est assourdissant), ou à la démission (vous avez d’ailleurs été nombreux-ses à signer la pétition que j’ai lancée en ce sens). Partout, sauf à Hénin Beaumont!

Les élus FN héninois avaient en plus plusieurs fois affirmé que « la Voie d’Hénin » n’avait rien avoir avec eux. Dans n’importe qu’elle autre ville, il devraient faire leurs excuses aux habitant-e-s pour avoir menti, et aux élus, journalistes et employés municipaux qui ont été insultés. Partout, sauf à Hénin Beaumont!

Extrêmement mal à l’aise mais trop fier pour s’excuser et en tirer les conséquences, Steeve Briois choisit donc de faire ce qu’il sait faire de mieux: insulter, à nouveau.

— MANIPULATION —

Pour faire diversion, le Front National produit donc un post facebook outrancier dont il est question ici, qu’il diffuse à un maximum d’habitants de la ville à grand renforts de « sponsor facebook ». La formulation de ce post est manipulatoire à bien des égards. Démonstration !

  • Premier paragraphe: « Marine Tondelier condamnée par la justice« . Ca commence fort. Ce titre donne le sentiment que j’aurais personnellement été condamnée. Or le recours en question émanait du groupe des élus d’opposition d’Hénin-Beaumont dans son ensemble. Pourquoi donc me cibler personnellement? Parce que la veille, j’avais appelé pour les raisons ci-dessous à la démission de Christopher Sczcurek et que n’ayant rien à répondre, le maire a décidé astucieusement d’allumer un contre feu pour essayer de m’impressionner en me salissant. Technique classique. Il ne s’agit par ailleurs pas d’une condamnation en tant que telle : nous devons rembourser les frais de justice suite à notre désistement – là encore c’est naturel -, mais ne sommes pas condamnés sur le fond.
  • Deuxième paragraphe: « Marine Tondelier et sa clique viennent d’être condamnés par la justice. ». Cette deuxième phrase enfonce le clou, pour ceux qui auraient lu trop rapidement la première. Ainsi le groupe d’opposition devient « Marine Tondelier et sa clique ». Chacun jugera s’il trouve normal qu’un maire, sur la page facebook officielle de la mairie, appelle ainsi son opposition. Notez que si ce jugement était intervenu une semaine où David Noël, mon collègue d’opposition communiste, avait causé du tort au maire, l’article aurait surement écrit « David Noël et sa clique« . Le contexte dicte ici qui se prendre la foudre du maire alors que c’est bien 6 personnes qui ont déposé, conjointement, ce recours.
  • Troisième paragraphe: « En effet, l’opposition stérile et revancharde avait traduit la commune devant la justice, se plaignant du mépris supposé de son droit d’expression. Dans un mémoire particulièrement limité intellectuellement, Tondelier réclamait davantage de place dans le magazine municipal pour déverser sa haine d’Hénin-Beaumont et de ses habitants. » Trois choses sont ici à noter:

  1. La haine de l’auteur s’accentue ici: « stérile et revancharde », « limité intellectuellement », on retrouve les expressions favorites du maire et de son équipe. Il ne suffit pas de trouver une formule choc, il faut la répéter semaine après semaine tout au long du mandat. Le maire a le droit d’expliquer que nous sommes « stériles et revanchards », mais je trouve personnellement que cette expression serait parfaite pour qualifier le post facebook que nous sommes ici en train de commenter… et qui vient de lui. Cela s’appelle « projeter sur autrui ses propres turpitude », ou encore « voir la paille dans l’oeil du voisin – ou de son opposition – mais pas la poutre dans le sien ». Un grand classique chez notre maire qui, par exemple, alors qu’il est membre du Conseil de surveillance de l’hôpital local, refuse depuis plus de 3 ans d’assister à ses travaux car je l’y ai battu lorsqu’il s’est agi d’en désigner le-la président-e. 850 agents. Le plus gros employeur de la ville. Des enjeux de santé majeurs pour le territoire. Mais une aigreur et un égo trop forts pour s’y intéresser. Je vous confirme donc que pour ce qui est d’être « stérile et revanchard », le maire y connait donc un rayon. Quand à nous, élus d’opposition, nous siégeons en conseil municipal et jouons notre rôle, malgré la défaite aux municipales. Même si le maire fait tout pour nous en empêcher en programmant par exemple les Conseils municipaux le vendredi matin et en ne nous envoyant les convocations que le lundi précédent, histoire de compliquer la tâche à celles et ceux d’entre nous (5 personnes sur 6) qui ont une activité professionnelle contraignante qui nécessite d’anticiper et d’organiser les choses pour s’en absenter.
  2. L’auteur évoque ensuite au sujet de l’opposition le « mépris suppo de son droit d’expression ». N’importe qui a déjà pris le temps de feuilleter le bulletin municipal a pu constater, sans avoir besoin pour cela d’être sorti de l’ENA, à quel point celui-ci pose question. La municipalité y répond par exemple systématiquement à nos tribunes d’opposition sous forme de « droit de réponse » directement accolé à notre texte, ce pour quoi il a d’ailleurs déjà été rappelé à l’ordre par la préfecture (les éléments ici). Il est également fréquent que des attaques directes aient lieu contre l’opposition (ou la Voix du Nord) dans l’édito du maire, ou dans les pages suivantes, sans que nous ne puissions y répondre. Le recours dont il est question ici avait été déposé en début de mandat suite à la division par 2 de la taille de notre droit d’expression. Il nous avait alors paru  légitime de contester cette décision en justice après l’avoir constestée, sans succès, en conseil municipal où il ne vous aura pas échappé que nous ne sommes pas majoritaires. Mais à la lecture des numéros suivants du magazine municipal, nous avons estimé qu’il était plus utile de nous désister de cette procédure pour en introduire une autre, plus complète – et prenant en compte les pratiques constatées entre temps-,  procédure que mon collègue David Noël a engagée il y a peu.
  3. Finalement, ce paragraphe explique que je « déverse ma haine d’Hénin-Beaumont et de ses habitants ». Alors là c’est la meilleure… Je pense que l’égo de Steeve Briois le pousse de plus en plus à se prendre, lui tout seul, pour la ville entière. Il en est le maire, certes. Mais critiquer Steeve Briois ne veut pas dire critiquer Hénin-Beaumont ni ses habitants (dont je fais d’ailleurs partie, ainsi que mes collègues). C’est valable pour l’opposition municipale, c’est valable pour la Voix du Nord, c’est valable pour tous les autres observateurs. Steeve Briois ne peut pas à chaque fois qu’une remarque le dérange, nous accuser de haine de la ville et de ses habitants. Si nous détestions cette ville nous n’y habiterions pas. Si nous détestions cette ville nous n’y serions pas élus. Je rappelle que ce mandat est bénévole (nous ne touchons pas d’indemnité contrairement aux élus de la majorité, et d’ailleurs nous n’en demandons pas). Qu’il nous prend beaucoup de temps. Et nous cause beaucoup de problèmes (insultes du maire, attaques violentes dans le journal municipal et sur les réseaux sociaux, procédures judiciaires à répétition, réunions qui tombent systématiquement pendant nos horaires de travail). Si nous nous accrochons, c’est que nous estimons que cette ville a besoin d’élus qui disent les choses quand ça ne va pas. Quand le maire vous prend pour des imbéciles, ne prend pas les bonnes décisions, ou cause du tort à des employés municipaux, telle association ou telle structure, etc. Ca ne veut pas dire que nous disons pour autant que tout va mal: il arrive souvent que nous votions des délibérations en conseil municipal lorsqu’elles vont dans le bon sens. Mais cela signifie que dans chaque ville, il est utile qu’il y ait une opposition municipale. Je considère que Steeve Briois ne déversait pas sa haine d’Hénin-Beaumont lorsqu’il demandait à Gérard Dalongeville de rendre des comptes sur sa gestion financière. C’est la même chose aujourd’hui lorsque nous demandons des explications à l’abattage soudain de 40 arbres centenaires, lorsque nous questionnons l’installation d’une crèche religieuse dans le hall de la mairie alors qu’elle pourrait être mise dans un lieu plus neutre (autour de l’église), lorsque nous dénonçons l’adoption en Conseil municipal d’une charte « ma commune sans migrants » que nous jugeons xénophobe, lorsque nous nous inquiétons des pressions subies par certains employés municipaux, etc. C’est notre manière de défendre une ville et ses habitants, pour lesquels vous connaissez notre attachement. Ce sont les valeurs sur lesquelles nous avons été élus que nous défendons.
  4. Quatrième paragraphe: « Las, les juges du Tribunal Administratif de Lille ont condamné la bobo parisienne à 1000 euros à rembourser à la Commune d’Hénin-Beaumont au vu de ses frais de justice« . Là aussi ce paragraphe mérite commentaire. Il est déjà comique de lire, de la plume de l’équipe FN, « les juges du Tribunal Administratif de Lille », sans qu’aucune insulte n’y soit accolée. Car quand le Maire d’Hénin perd une procédure, on a droit « aux juges gauchistes », à « une décision incompréhensible », etc. C’est marrant comme son analyse peut être à géométrie variable. De notre côté, nous savions les risques que nous prenions en déposant ce recours comme les autres, sachant que la justice administrative n’est pas une science exacte et que quand on va aux justice, il faut toujours se préparer, éventuellement, à perdre. Et lorsque nous perdons, ou nous désistons et sommes condamnés à indemniser la commune (donc vous) pour les frais de justice engagés, nous en assumons l’entière responsabilité. C’est pour cela que nous ne ferons pas appel en insultant la planète entière et le tribunal administratif. Non, nous paierons ces 1000 euros pour rembourser à la mairie de ses frais d’avocats. Par ailleurs, vous constaterez que le maire m’appelle dans ce paragraphe « la bobo parisienne ». Je veux bien que le maire m’explique, à moi qui suis née, ai grandi et habite à Hénin-Beaumont que je suis une « bobo parisienne » si ça l’amuse. C’est pour lui une manière commode de faire diversion sur le fait que notre ancien adjoint aux finances, Jean-Richard Sulzer, habite Neuilly sur Seine et y soit d’ailleurs retourné, en abandonnant récemment son mandat ici. Une manière aussi d’éluder le fait que la seule élue du coin qui habite en Ile de France soit du Front National: Marine Le Pen, que l’on a la chance d’apercevoir que lorsqu’elle se décide à faire un aller retour express. Donc là aussi, la paille, la poutre… Je suis née à Hénin-Beaumont, j’ai d’ailleurs deux grands parents d’Hénin et deux de Beaumont, j’habite dans le centre ville même si je n’ai jamais pu trouver de travail, dans mon secteur, ici. Ca embête peut-être Steeve Briois mais c’est ainsi.
  5. Cinquième paragraphe: « La municipalité se félicite de cette décision qui vient mettre un sérieux coup d’arrêt au harcèlement judiciaire que les élus d’opposition ont entrepris, furieux de leurs résultats électoraux. » Steeve Briois est gonflé de parler de harcèlement judiciaire à propos de l’opposition, lui, qui lance une nouvelle procédure à chaque crise de nerfs de Bruno Bilde (et elles sont nombreuses), à chaque fois en finançant ses procédures par l’argent du contribuable. L’opposition, elle, finance elle-même ses procédures. Notez d’ailleurs que si la mairie était si sûre d’être dans les clous, elle n’aurait pas recours à des avocats si coûteux. Les Héninois seront donc heureux d’apprendre qu’ils financent dans cette procédure et dans plusieurs autres de la municipalité les activités de Maître Frölich, ancien militant du GUD et avocat Place Vendôme, dans un des quartiers les plus chers de Paris. Vous serez par ailleurs heureux d’apprendre que la mairie, non seulement envoie par dizaines les droits de réponse à la Voix du Nord, mais les fait porter par huissiers (tout cela VOUS coûte cher). Dans n’importe qu’elle ville, le maire ferait un bilan des procédures qu’il lance lui-même. Sauf à Hénin Beaumont.

— INTIMIDATION —

Diversion, Manipulation, donc, mais aussi… Intimidation.

In fine, le fond manipulatoire de cette publication importe peu. C’est l’écume des jours. Ce qui alerte c’est la méthode et ses conséquences.

Pourquoi m’afficher ainsi, outre pour faire diversion de l’embêtante affaire de « la Voie d’Hénin »? Pour tenter de m’intimider. De peser sur mon moral. Une vraie guerre des nerfs. Ce genre de post facebook de la mairie, ce sont ensuite des dizaines de messages de personnes, que je connais ou non, qui viennent me demander ce qu’il se passe. Exposer pour humilier. Une stratégie à laquelle le maire à déjà eu recours à plusieurs reprises à mon égard.

J’encaisse. Et continuerai d’encaisser. Car je considère qu’il est de mon devoir moral de militante de ne pas me laisser impressionner par ces pratiques que je juge anti-républicaines.

Mais je sais aussi à quel point ce genre de pratique dissuade l’engagement. Des tas de personne qui souhaiteraient s’intéresser à la vie municipale, s’engager pour leur ville, ne le font pas car ils reçoivent régulièrement ce genre de publication et ne veulent pas être les prochains à être ainsi « affichés » par le maire sur les réseaux sociaux ou dans le journal municipal. Cela nous rappelle quelques sombres périodes de l’histoire, où les même stratégies de propagande ont été employées. Elle n’honorent pas leur auteur.

Alors voilà, j’ai trouvé nécessaire de vous écrire pour vous dire cela, estimé que je vous devais, en tant qu’élue, ces explications, car il était légitime que la publication facebook de la ville vous interpelle.

J’ai toujours été disponible pour les échanges, même avec celles et ceux qui ne partagent pas mes convictions. Je le reste donc pour toute question.

Sincèrement,

Ecologiquement,

Héninoisement et Beaumontoisement,

Marine Tondelier.

PETITION – Mis en examen, l’adjoint FN Christopher Szczurek doit démissionner!

A Hénin-Beaumont, Au conseil municipal d'Hénin-Beaumont, Front National, Hénin-Beaumont, Humeur, Mon travail d'élue, Prises de position, Sur le terrain

Mis en examen!

La nouvelle est tombée ce matin: l’adjoint Héninois, conseiller départemental FN et ex tête de liste bleu marine pour les élections sénatoriales Christopher Szczurek est mis en examen par un juge d’instruction du tribunal de Lille dans l’affaire dite de la page Facebook anonyme « La Voie d’Hénin ».

Cette page facebook infamante crée en décembre 2015 prétendait « Reinformer sur l’actualité Henin-Beaumont » « sur un ton impertinent et libre », mais s’était surtout avérée, semaines après semaines, être une machine à insultes et à propos diffamatoires gérée en ligne directe par la mairie frontiste.

Les élus FN avaient toujours nié en être à l’origine et la gérer « en direct » mais sa date de création après des menaces lourdes de sens en Conseil municipal et le fait par exemple que des vidéos de ce même Conseil Municipal y ait été publiées dès le lendemain, dont l’angle de la prise de vue correspondait pile poil à celui de la caméra officielle de la mairie, ne laissaient aucun doute à ce sujet.

1609986_1079205518797050_7127455021912268101_nPour alimenter le bras de fer insensé dans lequel Steeve Briois s’était lancé contre le journal local « La Voix du Nord » accusé à tort de « salir la ville » – en langage FN ça veut dire « traiter objectivement l’actualité locale » mais tout ce qui ne fait pas leur promotion les dérange, c’est bien connu -, cette page était entrée en croisade contre toutes celles et ceux qui n’allaient pas dans son sens.

Les insultes, mensonges et ragots niveau Closer y pleuvaient donc régulièrement contre la Voix du nord, les élus d’opposition et les syndicalistes du personnel municipal, le tout sous le sceau de l’anonymat.

Y fleurissaient des théories complotistes délirantes, sorties d’un esprit manifestement tordu adepte des bonnes vieilles méthodes fascisantes dont on pensait qu’elle appartenait, en France au moins, a un autre siècle.

J’y étais accusée d’occuper un emploi fictif et mon collègue d’opposition Geoffrey Gorillot et sa femme Florence Binaisse des emplois de complaisance, la supposée collusion entre l’opposition municipale et la Voix d’Hénin y faisait l’objet de fantasmes obsessionnels de l’auteur, les moqueries sur le physiques étaient également fréquentes, et d’un grand courage puisqu’anonymes.

Cette page Facebook a pourri la vie d’un certain nombre d’entre nous pendant des mois. Le syndicaliste CGT et employé municipal René Gobert, appelé « judas » et accusé d’avoir obtenu son emploi par favoritisme « car sa fille a été très dévouée auprès de Dalongeville! ». Ces deux publications le concernant font l’objet d’un contentieux et ont été supprimées depuis.

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Le triple objectif de tout cela?

  1. Aller plus loin dans l’ambiance de propagande et de délation déjà installée en ville par la page facebook officielle du maire et le journal municipal régulièrement détourné de ses fonctions de base pour insulter la Voix du Nord et l’opposition
  2. Accentuer la pression psychologique mise sur nous
  3. Dissuader celles et ceux à qui viendrait la folle idée de s’opposer au maire de passer à l’action, en leur faisant comprendre à quelle type de lynchage public ils s’exposeraient

Visage masqué, la municipalité frontiste se permettait des propos qu’elle savait diffamatoires pour éviter d’avoir à répondre de leurs allégations devant la justice. 

Raté: la presse révèle en effet aujourd’hui qu’un lien a été établi entre les adresses informatiques (IP) du créateur de la page La Voie d’Hénin et celle de l’ordinateur de Christopher Szczurek, President du groupe frontiste au Conseil municipal d’Hénin-Beaumont et Adjoint à la vie associative et culturelle. Depuis l’élection de Bruno Bilde, alors adjoint à la communication, Crjstopher Szczurek a en outre repris cette délégation.

Comment, mis en examen pour de graves faits de diffamation sur les réseaux sociaux, pourrait-il rester adjoint à la communication de notre ville?

Il doit démissionner.

En attendant qu’il se décide, je propose que sa délégation soit revue et qu’on l’appelle désormais « adjoint à la propagande, à la manipulation, à l’insulte et au mensonge ».

Pour signer cette pétition, rendez-vous ici!

–> signer la pétition <–

Emplois fictifs, financement illégal de campagnes électorales, incitations à la haine: ce parti qui affichait le slogan « tête haute et mains propres » mais multiplie depuis les mises en examen devrait baisser les yeux et repasser un petit coup de Karcher dans ses rangs.

Quand je pense que ces mêmes personnes attaquent mon livre Nouvelles du Front en justice pour diffamation, et aux frais du contribuable héninois s’il vous plait, il y a de quoi rire… ou pleurer.

J’en profite donc pour vous en proposer deux extraits qui évoquent justement « La Voie d’Hénin » et qui sont donc plus que jamais d’actualité.

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« La bagarre débute véritablement avec la CGT lorsqu’un de ses membres avertit La Voix du Nord de l’installation des caméras de vidéosurveillance. On ne brise pas impunément la loi du silence! René Gobert est alors pris pour cible. Tout semble ensuite fait pour le pousser à bout. La page Facebook anonyme « La Voie d’Hénin», dont je vous reparlerai plus tard, est utilisée pour le harceler. Le 18 avril 2016, un post tente de le faire sortir de ses gonds: «Pourquoi Gobert a-t-il été embauché à la mairie? Car sa lle a été très dévouée auprès de Dalongeville!» L’attaque a beau être basse, personnelle et insultante, elle est «likée» par trois élus, Nicolas Moreaux, Anthony Garénaux et Aurélia Beigneux, ainsi que par plusieurs employés. Récidive le 22avril 2016 sur «La Voie d’Hénin»: «Attention au judas Gobert. Le représentant de la CGT ne vous défend pas. […] Agents municipaux, ne vous laissez pas manipuler par cet opportuniste de René Gobert. C’est un menteur qui ne sait même pas écrire.» Les mêmes «aiment». Un mois plus tard, Steeve Briois poursuit l’acharnement et écrit au secrétaire syndical pour lui imposer un changement d’a ection: celui qui jusque- là o ciait comme animateur à la maison de quartier de Darcy se voit proposer un poste d’agent d’entretien des locaux.

Le 7 juillet, les nerfs à vif, le syndicaliste poste sur son pro l Facebook une réponse de mauvais goût: une photo de carabine à plomb accompagnée du statut «J’aurais pas tiré sur la police ni sur le GIGN ni sur la municipalité. j’aurais tiré sur deux cons en mairie». Steeve Briois demande immédiatement sa révocation de la fonction publique et dépose une plainte contre lui au tribunal de grande instance. René Gobert est en arrêt depuis. Pour dépression.

Le jour de son audition par le conseil disciplinaire, le 4 décembre, son avocat plaide la provocation. Il semble qu’il ait été entendu puisque le coupable n’écope non pas d’une révocation, la sanction la plus lourde, mais d’un blâme, une sanction pour faute légère. Son avocat m’explique par téléphone: «Là où ils sont très malins, c’est que le cercle administratif et les décideurs de la commune ne portent jamais le glaive. Cela se fait en o , par exemple par le blog La Voie d’Hénin. La di é- rence essentielle avec les autres mairies sur lesquelles j’ai travaillé, c’est qu’à Hénin-Beaumont, quel que soit le contentieux, on peut démontrer un véritable harcè- lement et des insultes sur les réseaux sociaux. Ils disent qu’ils n’y sont pour rien mais c’est la seule mairie où ça se passe comme ça. Leur stratégie de conquête du pouvoir ne laisse rien au hasard. En cas de contentieux administratif, tout le monde est au courant, la toile s’en amme. »

Le but est d’isoler l’agent visé. Ses collègues nissent par s’en éloigner, craignant qu’il n’apporte des problèmes puisqu’il est devenu une cible manifeste de leurs chefs. Dans le cas de René Gobert, cela fonctionne assez bien : «Dès que les gens ont compris que j’étais surveillé, plus personne n’a voulu me parler en mairie. Mais on arrivait quand même à communiquer. Y a des trucs qui passent dans les poignées de main par exemple. Je sens des émo- tions, parfois même une forme de soutien. »

En plus des sou rances qu’il génère, cet acharnement est onéreux. Des méthodes d’investigations coûteuses sont déployées avec pour seule intention de « coincer » un agent incriminé. Du 3 mars au 27 juillet, la commune a ainsi fait établir cinq ou six volumineux constats d’huissier pour un montant estimé à plusieurs milliers d’euros. Au lieu d’ouvrir la discussion, de demander des explications sur un comportement inapproprié, les supé- rieurs hiérarchiques tissent patiemment une toile autour de leur proie, alimentant des mois durant un rapport à charge qui permettra de l’assommer. Ces procédés sont dangereux, malsains et contraires aux valeurs de la fonction publique.

René Gobert est le seul à être incriminé. D’autres subissent également les foudres des élus sans oser en parler. Les menaces de sanctions disciplinaires envoyées à domicile avec accusé de réception sont devenues une pratique courante.

Un jour où j’alerte sur l’état psychique des employés en conseil municipal et où je demande au maire d’être vigilant, Briois répond, désinvolte: «Les gens sont heureux de travailler avec nous! Personne ne s’est encore suicidé!» Tout va très bien, madame la mar- quise… Un cadre encore éberlué par la scène revient sur cet épisode: «Il s’est dépêché de passer au point suivant, mettant n au débat de manière très abrupte. Tu semblais vraiment préoccupée. Ça nous a fait du bien de l’entendre. »

Certains, optimistes, se rassurent à leur manière, comme ce syndicaliste qui répète à qui veut l’entendre: « Le pouvoir d’un maire est éphémère. C’est comme une grande roue. Un jour t’es en haut, le lendemain tu peux être en bas… À Hénin on en sait quelque chose ! »

PAGE 146

 

 » Lors du conseil municipal du 12 décembre 2015, veille du deuxième tour des élections régionales, le Front national cherche à prendre une énième revanche sur le quotidien. Bruno Bilde prévient : La Voix du Nord, elle va voir ce qu’elle va voir! Il promet: son insupportable monopole va bientôt voler en éclats ! Il nous réserve une petite surprise…

Effectivement. Le 15décembre 2015 apparaît une mystérieuse page Facebook. Elle suscite immédiatement la curiosité. «La Voie d’Hénin» a che son slogan: « Réinformez-vous sur l’actualité d’Hénin-Beaumont » et se présente comme «une page Facebook d’information sur un ton impertinent et libre». C’est sûr que côté impertinence, nous sommes servis !

La page est anonyme mais, après les annonces de Bruno Bilde, c’est comme si elle était signée. Les hostilités com- mencent le jour même dans une seconde publication intitulée «La soirée secrète de l’opposition à l’agence héninoise de La Voix du Nord ». Le matin même, la jour- naliste de La Voix du Nord est venue nous demander quelques explications sur un point du conseil municipal. L’ambiance délétère de la salle ne nous a pas permis de discuter sur place et nous nous sommes donnés rendez- vous à l’agence locale du journal. En temps normal et dans une ville normale, cela ne poserait pas de problème. Ce type d’entretien n’est en rien contraire à la déonto- logie. Marine Le Pen a d’ailleurs déjà accordé plusieurs interviews à Pascal Wallart dans ces mêmes bureaux.

Mais à Hénin-Beaumont, comme l’indique l’œil inquisiteur du logo de « La Voie d’Hénin », nous sommes sous surveillance. Les caméras de «vidéoprotection» souhaitées par le maire ne sont pas encore installées mais bien probablement des petits espions jouent déjà ce rôle. La plume de «La Voie d’Hénin» extrapole donc lar- gement quand elle estime que «les élus de l’opposition, selon plusieurs témoins, ont passé la soirée de samedi à La Voix du Nord. De là à parier que la réunion visait à harmoniser les éléments de langage entre Céline Debette [journaliste de l’agence locale] et l’opposition, il n’y a qu’un pas, que nous franchissons.» Dans les jours et les semaines qui suivent, la démonstration manipulatoire, qui ne repose sur rien d’autre que sur du vent, continue. «La Voie d’Hénin» poursuit son œuvre. Les journalistes de l’agence locale de La Voix du Nord sont pris pour cible nommément, un par un, attaqués même sur leur physique. Chacun en prend pour son grade, en alternance avec les membres de l’opposition et quelques autres têtes de Turc, comme le Parti socialiste ou la CGT. Le Front national a toujours nié être à l’origine de cette page Facebook anonyme… Comment expliquer que le ou les auteurs soient en possession quasi immédiate des enregistrement vidéo de la municipalité? Que la ligne éditoriale de la page Facebook soit exactement la même que celle de la propagande municipale et que « La Voie d’Hénin » partage les publications de Steeve Briois ?

Systématiquement, quand un article nous concernant paraît dans La Voix du Nord, «La Voie d’Hénin» dénonce du favoritisme. La main “anonyme”, dans la lignée des articles de blog de Steeve Briois, lequel avait été jusqu’à présenter Pascal Wallart, à l’occasion des élec- tions départementales de 2015, comme mon directeur de campagne, écrit, le 26janvier 2016: «Tiens, un article sympa sur Hénin ! Ah oui, c’est sur Tondelier ! On trouvait ça tellement étrange. »

Cette obsession du FN à propos du traitement médiatique de leurs concurrents est maladive, ce qui est d’autant plus incompréhensible qu’ils n’ont rien à envier à personne, étant donné la très large couverture presse dont ils béné cient. Mais il faudrait que nous n’existions pas pour qu’ils arrêtent de se plaindre… En mai 2016, je suis en plein bras de fer avec la mairie : elle a décidé d’abattre quarante tilleuls centenaires malgré un arrêté suspension du tribunal administratif en ma faveur. Je suis contrainte de mobiliser une trentaine de collègues, au petit matin, pour empêcher les tronçon- neuses d’entrer en action. Bruno Bilde est là aussi, iPad à la main, pour photographier tous les présents. Il prend à partie les journalistes : « Monsieur, vous êtes là pour faire le buzz et le service après vente d’une élue qui a fait 4 % aux élections régionales […] Vous êtes aux ordres. » À la journaliste de France 3 qui cherche justement à recueillir sa version pour le reportage qu’elle prépare, il lance, devant tout le monde: «Je vous parlerai lorsque vous appliquerez un traitement égalitaire.» Ce petit jeu peut durer longtemps… Rageur, Steeve Briois publiera le len- demain un communiqué sur sa page Facebook: «Hier matin, dès 7h30, les journalistes de M6, France 3, et la Voix du Nord évidemment, ont répondu au plan com de l’opposition comme de vulgaires toutous […]. On savait que cette profession était la plus moutonnière au monde. Ne leur manque désormais que le collier et la laisse…» Les journalistes en question ont même la chance d’appa- raître en photo pour illustrer l’article.

Pour tenter d’asphyxier la presse locale, le FN héninois a un autre moyen redoutable: ils ne font parvenir aucune information utile à La Voix du Nord, stratégie parfaitement assumée par Bruno Bilde, qui explique au journaliste de Libération Dominique Albertini (31 juillet 2016) : « Je ne leur le plus aucune information, sauf cas extrême. Pascal Wallart, interviewé pour le même article, commente: «Cette attitude est contre-productive pour eux. Car le résultat, c’est qu’on ne couvre plus l’actualité politique de la ville. Ils font sans doute des choses très bien, mais on ne les voit plus et le maire n’apparaît plus en photo. Ils auraient intérêt à a cher leur sérénité, plutôt que de fonctionner à la trique.» Et hop, c’est reparti pour un tour… Nouveau journal municipal, titre évocateur : « Nouvelles attaques de La Voix du Nord contre la ville d’Hénin-Beaumont». Et les deux frag- ments de phrase suivants, isolés et attribués à Pascal Wallart: «On ne couvre plus l’actualité politique de la ville» et «Le maire n’apparaît plus en photo». Toute la partie sur le refus de communiquer avec le journal local a disparu. On a l’impression que Wallart a décidé de son propre chef, dans un accès de mauvaise humeur, de ne plus parler d’eux. La guerre des nerfs continue… et semble avoir de beaux jours devant elle. »

 

Décidément, le procès en diffamation intenté par la municipalité contre cet ouvrage risque d’être hilarant vu tout ce qui se confirme, de jour en jour, depuis sa publication…