Un épisode pas banal s’est déroulé hier après-midi au centre hospitalier d’Henin-Beaumont, où se tenait le premier conseil de surveillance de la mandature.
Le Conseil de surveillance d’un hôpital est une sorte de Conseil d’administration, qui se prononce sur les orientations stratégiques de l’établissement et exerce un contrôle permanent sur la gestion et la santé financière de l’établissement.
Y siègent des représentants des collectivités territoriales (ville, agglomération, département), des représentants du corps médical et des personnels hospitaliers, des personnes qualifiées et des représentants des usagers.
Suite aux élections municipales, la ville d’Hénin-Beaumont y est représentée comme le Conseil Municipal l’a voté au mois d’avril par Steeve Briois, le maire, et Jean-Richard Sulzer, son adjoint aux finances. Et le député Philippe Kemel et moi-même y représentons l’agglomération Hénin-Carvin (CAHC).
Comme la réglementation le prévoit, le premier conseil de surveillance de cette mandature devait débuter par l’élection de son ou de sa président-e pour les 5 années à venir. Les textes prévoient que « le président du conseil de surveillance est élu pour une durée de 5 ans parmi les membres représentant les collectivités territoriales ou les personnalités qualifiées » et que le vote se passe à bulletin secret.
C’est donc très naturellement, en toute légalité et après en avoir parlé avec mes co-listers, mes collègues de l’agglomération et certains membres du conseil de surveillance que j’ai décidé de présenter ma candidature. Expliquant que j’étais très attachée à cet hôpital qui est au bout de ma rue. Contrairement à beaucoup d’habitants, je n’y suis pas née car la maternité a fermé un an avant ma naissance. Mais petite, j’y ai visité durant des année une amie de la famille en gériatrie. Et des membres de ma famille y ont travaillé, dont mon arrière grand père qui y avait été infirmier.
Par ailleurs je me suis toujours beaucoup intéressée aux questions de santé en général et aux questions hospitalières en particulier, en rédigeant notamment deux mémoires sur la question, l’un sur le développement durable dans les hôpitaux (comme par hasard ;)), l’autre sur les conflits d’acteurs à l’hôpital public. Je suis d’ailleurs titulaire d’un Master spécialisé en gestion des établissements de santé.
J’ai exprimé aux membres du Conseil de surveillance ma motivation, leur ai expliqué mon intérêt pour les questions sanitaires et ai su les rassurer sur ma disponibilité pour assurer cette fonction.
Steeve Briois, lui, a choisi de ne faire qu’une intervention très courte pour dire qu’il n’avait rien à redire au niveau de mes compétences mais qu’il ne voyait pas d’autre candidature crédible que la sienne car il est le maire. Ajoutant pour clore le débat avant qu’il ne commence que le fait qu’une conseillère municipale d’opposition préside le conseil de surveillance serait je cite « un casus belli ».
Le vote a eu lieu. Je l’ai remporté. Monsieur Briois a repris une seconde fois la parole pour annoncer que « les relations entre la ville et l’hôpital sont rompues », s’est levé avec son acolyte et a quitté la réunion, attitude similaire à celle qu’il avait tenue lors qu’il n’avait pas été élu vice-président à l’agglomération.
Si j’écris ce soir cet article, c’est pour répondre aux propos qu’il a tenus dans un communiqué envoyé l’après-midi à la Voix-du-Nord, retranscrits dans cet article:
–> cliquez ici pour lire l’article de la voix du nord en question <–
Après des années de vaudeville politico-judiciaire, les habitants d’Hénin-Beaumont méritent mieux que des réaction narcissiques!
Celui qui passe son temps à reprocher à son opposition de « ne pas digérer la défaite » devrait commencer par balayer devant sa porte. Et sa réaction est d’autant moins compréhensible que le maire d’Hénin-Beaumont est également conseiller communautaire, conseiller régional, député européen et secrétaire général du front national. Bref qu’il ne manque ni de travail ni de responsabilités.
Je suis la première à reconnaître notre défaite aux municipales de mars dernier. Je l’ai d’ailleurs à nouveau écrit à la rentrée dans un tract distribué dans toutes les boites aux lettres de la ville.
Nous avons certes perdu l’élection municipale avec les copains de la liste « Agissons Unis pour Hénin-Beaumont », surement pour un tas de raisons dont d’ailleurs plusieurs sur lesquelles nous ne pouvions malheureusement pas avoir prise. Ce qui connaissent le contexte local savent de quoi je parle.
Je confirme également avoir fait « 2% » aux dernières législatives. Je n’en n’ai pas honte. Monsieur Briois devrait éviter de prendre la grosse tête trop rapidement et se rappeler d’où il vient et quels étaient ses premiers scores électoraux. Il devrait d’ailleurs s’imaginer lesquels ils auraient été s’il avait dû lui aussi, pour sa première élection « sur son nom », affronter deux candidats sortants à la présidentielle. Et s’il n’avait pas profité de la notoriété de Marine Le Pen plusieurs scrutins de suite en étant son suppléant.
La différence, c’est que quand je perds, je l’assume. Que je garde mon sang froid. Que je ne suis pas une mauvaise joueuse. Que je respecte les décisions des électeurs. Et que même si nous avons perdu, mes collègues et moi siégeons et travaillons en conseil municipal ainsi que dans les différentes commissions, ce que lui n’avait pas fait quand il était dans l’opposition.
Or ce soir, il prétend que « la gauche de l’agglomération a préféré, comme à son habitude, rester dans le sectarisme, quitte à insulter le vote des habitants d’Hénin Beaumont ». Aveuglé par sa haine, il ne voit même pas qu’en écrivant cela il dénigre lui les électeurs du Conseil de Surveillance de l’hôpital de notre hôpital, qui ont fait leur choix. Comme les textes le prévoient. Et comme cela se fait dans tous les hôpitaux de France. Le décret du 8 avril 2010 qui encadre ce scrutin a d’ailleurs été pris par un gouvernement de droite, je ne vois donc pas le rapport avec ce que Monsieur Briois appelle « des pratiques démocratiques toutes socialistes ». Ses propos frisent le conspirationnisme.
Comme je n’ai pu le dire en sa présence car il avait déjà pris la poudre d’escampette, je vais le redire ici:
Aujourd’hui l’hôpital d’Hénin est l’un des plus endettés de France. Il ne l’a pas toujours été. Sa situation s’est brusquement détériorée, en quelques mois, à la suite d’investissements récents (il y a deux ans) plus qu’hasardeux (je précise au passage qu’Eugène Binaisse, à l’époque maire d’Hénin-Beaumont, ne présidait pas non plus le Conseil de Surveillance).
Aujourd’hui notre service de diabétologie, très apprécié des habitants du territoire, est menacé de fermeture et de délocalisation à Lens. J’ai d’ailleurs porté une motion à ce sujet avec mes collègues d’opposition au dernier Conseil Municipal, qui a été adoptée à l’unanimité.
Bref la seule attitude politicienne que je vois en ce moment, c’est celle qui consiste à considérer « que l’hôpital n’a qu’à se débrouiller » (ce dont un adjoint FN et cadre national parti m’avait menacée il y a quelques semaines au cas où j’irais jusqu’au bout). Et à se dispenser des plus de 5 heures de réunion qui ont suivi l’élection de la présidente du conseil de surveillance, au cours desquelles nous avons épluché et débattu avec les médecins et les représentants du personnel très inquiets du compte administratif pour 2013, du budget pour 2014 et du projet médical d’établissement, dont l’avenir du service de diabétologie.
La santé des habitants d’Hénin-Beaumont – qui vivent dans l’arrondissement à la surmortalité la plus élevée d’Europe (de 67% à la moyenne de la France) – n’est pas un enjeu politicien. C’est une priorité politique, sanitaire et sociale. Ou sinon nous continuerons à souffrir d’une double peine: des indices de santé catastrophiques et un établissement de santé sur-endetté dont les jours sont menacés.
Si le Front national s’en lave les main, la crédibilité dont il se drapent à Hénin-Beaumont ne fera pas long feu.
Je compte donc sur eux pour participer, dans les semaines à venir, à la prochaine réunion du Conseil de Surveillance. Et pour, comme l’ont déjà fait les collègues du PC, du PS, d’EELV et d’Hénin-Beaumont l’avenir, prendre enfin position en faveur de notre service de diabétologie en danger.